english français | |||||||||
Rapport de Conférence inauguraleRapport relatif à la conférence inaugurale de la Société européenne de droit international. L’Europe s’est toujours située au cœur du droit international, même si son héritage s’est mêlé à d’autres influences. Des travaux théoriques ont de longue date mis en valeur « la tradition européenne en droit international » et insisté sur le caractère unique de cette contribution européenne. Des critiques ont certes raillé les aspirations européennes à l’universalité en ce domaine, soit en considérant que l’Europe se préoccupait essentiellement de questions européennes et non réellement universelles, soit parce qu’elle leur apparaissait comme trop souvent motivée par ses seuls intérêts. Mais, quelle que soit la perspective, la contribution historique est indéniable. Les théoriciens européens ont joué un rôle central dans l’évolution de la discipline, et la promotion d’un état de droit au plan international continue d’imprégner significativement les politiques étrangères européennes. Il est dès lors d’autant plus surprenant qu’il n’ait jamais existé une organisation réunissant l’ensemble des juristes internationalistes européens. A cet égard, la conférence inaugurale de la Société européenne de droit international (SEDI), tenue à Florence en mai 2004, est un véritable événement. C’est l’aboutissement d’un projet dont on parlait depuis longtemps, mais qui était resté jusque là infructueux. Le processus préparatoire en avait été initié en 2001, lors d’une réunion organisée par les éditeurs de l’European Journal of International Law (Philip Alston, Antonio Cassese, Pierre-Marie Dupuy, Bruno Simma et Joseph Weiler) en collaboration avec Hanspeter Neuhold, et a été dirigé par un Comité fondateur dans lequel Philip Alston a joué un rôle majeur. Le fait que l’élargissement de l’Union européenne de 15 à 25 membres intervienne au même moment n’a pu qu’ajouter au caractère déjà hautement symbolique de cette conférence. Le présent rapport rend compte de son déroulement et de ses moments forts. Lieu La Villa La Pietra appartient à l’Université de New York qui a consenti, à cette occasion, une importante contribution au financement de la Conférence en mettant ces lieux à disposition à des tarifs très favorables et en fournissant une assistance précieuse pour son organisation. Tout le monde s’accorde pour considérer que le lieu était idéal et a grandement contribué au succès de la Conférence. Participation Les organisateurs de la conférence ont réellement cherché, et sont parvenus, à développer et encourager une participation aussi large que possible en provenance de l’ensemble de l’Europe. Les ressources nécessaires ont été obtenues auprès de sources variées avec l’intention d’en consacrer une partie au financement des frais de transport et de participation de doctorants, avec un effort particulier en faveur de ceux issus de pays d’Europe centrale et orientale. Au total, la conférence a réuni des participants de 29 Etats européens, dont une trentaine venant des nouveaux pays membres de l’Union européenne (Chypre, République Tchèque, Estonie, Hongrie, Lituanie, Pologne, Slovénie,…) et autant venant d’Albanie, de Bulgarie, du Bélarus, de Roumanie, de la Fédération de Russie, de Serbie-Montenegro, etc. Enfin un peu moins de 15 % des participants venaient de pays extra-européens (Etats-Unis, Australie, Canada, Israël, Brésil et Japon notamment). On trouve la même variété de nationalités parmi les intervenants à la conférence, puisqu’on a recensé neuf intervenants français, six du Royaume-Uni, et deux à quatre intervenants d’Autriche, Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Roumanie, Etats-Unis. Traits distinctifs de la conférence Il s’agissait de défis et il ne faut pas sans doute pas crier victoire trop vite. D’une part, la définition de l’« Européanité » est inévitablement vague et ce que l’un célèbre comme « européen » est répudié par l’autre comme une pâle copie d’une autre tradition culturelle ou comme un abâtardissement ou une déformation d’une tradition existant dans un ou plusieurs Etats européens particuliers. D’autre part, parvenir à un apport original était une question complexe. Les juristes internationalistes ne sont pas en manque de conférences auxquelles assister. Il n’a d’ailleurs pas été facile de définir pour la conférence des dates qui évitent tout chevauchement avec d’autres rencontres ou conférences susceptibles d’attirer le même public. Il ne s’agissait pas seulement d’éviter une superposition de dates. Les organisateurs de la conférence de la SEDI ont vraiment cherché à en faire un événement différent par de nombreux aspects des autres conférences du même type. Ces différences ont résidé notamment dans la diversité d’origine géographique des participants, dans la forte proportion, parmi les participants, de jeunes chercheurs et praticiens, dans la forte incitation à des échanges intellectuels nourris et le développement de réseaux et de processus d’échanges « culturels ». En outre, une attention particulière a été accordée à faire en sorte non seulement de sélectionner des intervenants divers et stimulants mais aussi à s’assurer que leur réunion serait source d’avancées significatives. On sait en effet que la sélection d’intervenants pour ce type de conférence suppose de conjuguer le désir d’inviter des personnes réputées et celui d’ouvrir l’auditoire de façon aussi large que possible. Les organisateurs de la conférence de la SEDI ont consacré beaucoup de temps et d’énergie pour trouver le bon équilibre à ces égards. Les Allocutions spéciales Les Fora Les Agorae La participation aux Agorae a été le fruit d’un processus de sélection supposant la soumission d’un curriculum vitae et d’un abstract, ouvert à tous, sans condition d’âge, de parcours, de sexe ou de position dans la discipline. Le très grand nombre de candidatures a rendu la sélection longue et difficile. Quoi qu’il en soit, la diversité des participants et le nombre de « nouveaux venus » a été un des succès majeurs de la conférence. Les Sessions d’ouverture, de clôture et la Conférence du dîner La séance d’ouverture devait permettre la présentation de différents points de vue ou perspectives concernant la question de ce qui pourrait ou devrait distinguer une Société « européenne » de droit international. Les trois participants reflétaient par eux-mêmes la diversité de l’Europe. Ancien Juge du Tribunal International Pénal pour l’ex-Yougoslavie, actuel Président de l’Organe d’appel de l’OMC et à plusieurs reprises Juge ad hoc à la Cour internationale de Justice, le Professeur Georges Abi-Saab est un des juristes internationalistes les plus connus et respectés d’Europe, dans le même temps qu’en tant qu’Egyptien, il a très souvent, dans ses travaux, valorisé des perspectives extra européennes. Le Professeur Pierre-Marie Dupuy, de l’Institut universitaire européen de Florence, qui apparaît fréquemment comme conseil devant la Cour internationale de Justice et est l’auteur d’un des ouvrages français de droit international les plus réputés en Europe, représentait la doctrine dominante du droit international en Europe. Le Professeur Iulia Motoc, de l’Université de Bucarest, qui a été membre de la Sous-commission des Nations Unies pour la protection et la promotion des droits de l’homme et Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme concernant la situation en République démocratique du Congo, a ajouté la perspective majeure de l’Europe centrale. Autre innovation, le fait d’inviter un certain nombre d’internationalistes renommés à participer à la session de clôture de la conférence avec l’indication que le thème n’en serait fixé qu’au dernier moment, dans les jours précédents la conférence. Il s’agissait ainsi de garantir que la conférence ferait une place adéquate aux développements d’actualité susceptibles d’affecter le droit international à ce moment-là et qui n’auraient autrement pu être pris en considération dans le programme. En pratique, la programmation d’un sujet entièrement nouveau ne s’est pas avérée nécessaire dans le contexte et le Professeur Vaughan Lowe d’Oxford, Président de la table ronde, a décidé, après consultation des autres intervenants, que celle-ci porterait sur le sujet suivant : « Entre paix et guerre : le droit international a-t-il besoin de nouveaux concepts pour faire face aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales ? ». Apport Intellectuel Même si le temps dévolu aux interventions dans le cadre des Agorae était limité, tout le monde s’est accordé pour considérer que l’opportunité de prise de parole ainsi offerte était de grande valeur et que le temps consacré à la discussion avait été fructueusement utilisé. Diversité Linguistique La publication des travaux doit, de la même façon, être bilingue. Financement Sociétés Nationales Lancement officiel de la société européenne. Un appel à candidatures adressé à l’ensemble des membres et une élection ouverte ont abouti à la désignation, parmi un nombre significatif de candidats, des dix sept personnes suivantes : - Mariano Aznar Gomez (Espagne), * pour les membres dont le mandat expirera au bout de deux ans, tandis que les autres sont élus pour quatre ans. Le nouveau Conseil, immédiatement réuni, a élu Bruno Simma comme Président de la Société, Hélène Ruiz Fabri comme Vice-présidente et a coopté Francesco Francioni (Italie) avant de le désigner comme Vice-Président. Il a tenu à exprimer toute sa reconnaissance au Professeur Philip Alston qui a joué un rôle déterminant non seulement dans la fondation de la Société européenne mais aussi dans l’organisation de la Conférence inaugurale qui lui doit largement sa réussite. Perspectives |
|||||||||
RSS (Français) |
|||||||||